Madagascar. Madagascar au bord du gouffre : l'armée entre rébellion, putsch et répression

La capitale Antananarivo est le théâtre d'une crise multidimensionnelle où l'armée, fracturée, refuse de tirer sur le peuple tandis qu'une junte militaire annonce la fin du régime Rajoelina.
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La Grande Île tangue au rythme effréné d'une crise politique et sociale d'une rare intensité. Ce samedi, Madagascar a vécu une journée historique, marquée par la rébellion ouverte d'une partie de son armée, l'annonce d'un coup d'État, une répression sanglante et un pouvoir présidentiel dont les fondations semblent se fissurer de toute part.
L'armée entre rébellion et loyauté
La tension a atteint un point de non-retour ce matin avec la diffusion d'une vidéo de militaires du CAPSAT, un camp stratégique abritant armes et munitions. Ces soldats ont lancé un appel cinglant à leurs pairs pour « prendre leurs responsabilités » et ont explicitement refusé de tirer sur le peuple. Ils ont également exigé le départ du président Andry Rajoelina, appelant les forces de l'ordre à rejoindre la contestation.
Dans un mouvement hautement symbolique, des éléments du CAPSAT ont quitté leur camp pour se rendre à Anosy, avec à leur tête le Général Lylison René De Roland, Gouverneur de la Région Sofia. Leur objectif affiché : faire cesser les tirs de bombes lacrymogènes sur les manifestants. Ce déploiement s'inscrit dans un contexte de libération de deux officiers supérieurs, un lieutenant-colonel et un adjudant-major, arrêtés « sans fondement » selon leurs camarades et dont la détention avait exacerbé les tensions.
Putsch, couvre-feu et fin de régime annoncés
La crise a pris une tournure dramatique avec l'annonce, par un groupe se présentant comme une junte militaire, de la fin du régime du Président Andry Rajoelina. Le Colonel Michael Andriarinina, s'affichant comme le chef de cette junte et entouré d'officiers supérieurs, a déclaré avoir pris le pouvoir et instauré un couvre-feu sur l'ensemble du territoire. Cette proclamation, si elle reste à confirmer dans ses implications pratiques, jette un voile d'incertitude sur le contrôle réel du pays.
Répression et lourd bilan
Face à la colère populaire et aux dissensions militaires, l'appareil sécuritaire loyaliste affiche une détermination sans faille. Le commandant de la gendarmerie nationale, le général Jean Herbert Rakotomalala, a promis des « mesures fermes » pour mettre un terme aux manifestations massives planifiées par l'opposition et le mouvement « Génération Z ». Il accuse ces derniers de préparer « une terreur contre la population », des provocations, voire des meurtres pour accuser les forces de l'ordre.
Les affrontements entre manifestants et forces de sécurité ont déjà eu un coût humain tragique. Un bilan provisoire fait état d'au moins deux morts ce jour, un militaire et un civil, venus alourdir le tribut d'une contestation née il y a plusieurs jours de simples coupures récurrentes d'eau et d'électricité.
Une crise aux ramifications profondes
Ce qui a commencé comme un mouvement de protestation sociale contre la pénurie de services de base s'est métamorphosé en une insurrection politique réclamant la tête du président. Les pertes économiques sont d'ores et déjà estimées à 200 milliards d'ariary (environ 40 millions d'euros), un chiffre qui illustre l'ampleur des troubles.
Alors que le ministre des Forces armées lance des appels au calme et au dialogue, la situation sur le terrain semble lui échapper. Entre militaires rebelles, junte putschiste et forces de l'ordre loyalistes, Madagascar assiste, médusée, à une lutte pour le pouvoir dont l'issue reste plus incertaine que jamais. Le continent africain retient son souffle.
Madagascar on the Brink: Army Torn Between Rebellion, Coup and Crackdown
The island nation of Madagascar is reeling from an intense political and social crisis. Today, [date], witnessed a historic day marked by an open rebellion within part of the army, the announcement of a coup d'état, a bloody crackdown, and a presidential regime showing cracks everywhere.
The tension reached a breaking point this morning with a video from soldiers of CAPSAT, a strategic camp storing weapons and ammunition. These soldiers urged their peers to "take their responsibilities" and explicitly refused to shoot at the people. They also demanded the departure of President Andry Rajoelina.
In a highly symbolic move, CAPSAT units left their camp for Anosy, led by General Lylison René De Roland. Their stated goal was to stop the firing of tear gas on protesters.
The crisis took a dramatic turn with the announcement by a group claiming to be a military junta of the end of President Andry Rajoelina's regime. Colonel Michael Andriarinina declared a curfew across the entire territory.
Facing the popular anger and military dissent, the loyalist security apparatus remains determined. The national gendarmerie commander promised "firm measures" to end the mass protests, accusing the opposition of planning "terror against the population."
Clashes between protesters and security forces have already had a tragic human cost, with at least two reported deaths today—one soldier and one civilian.
What began as a social movement against utility shortages has morphed into a political uprising. As the Minister of Armed Forces calls for calm and dialogue, the situation on the ground seems to be slipping from his control. Between rebel soldiers, a putschist junta, and loyalist security forces, Madagascar is witnessing a power struggle whose outcome remains more uncertain than ever.
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Didier Cebas K.
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