Cameroun - Economie. Cameroun : la dépendance aux Bons du Trésor révèle la tension sur la trésorerie publique

cameroun24.net Vendredi le 10 Octobre 2025 Société Imprimer Envoyer cet article à Nous suivre sur facebook Nous suivre sur twitter Revoir un Programme TV Grille des Programmes TV Où Vendre Où Danser Où Dormir au Cameroun
Entre juin 2024 et juin 2025, le Cameroun a massivement eu recours aux Bons du Trésor assimilables (BTA) pour financer ses besoins de trésorerie à court terme.

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Selon le rapport de politique monétaire que vient de publier la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), plus de 63% des émissions de titres publics camerounais ont porté sur ces valeurs à maturité courte, contre seulement une faible part pour les Obligations du Trésor assimilables (OTA), destinées aux projets de long terme.

Des signaux clairs de tensions de trésorerie

Les BTA, émis pour des durées allant de 13 à 52 semaines, servent principalement à résoudre des problèmes ponctuels de liquidité : paiement de salaires, dettes ou factures en attente. Leur domination traduit des difficultés structurelles de trésorerie au sein du Trésor public camerounais.
Le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2026-2028, élaboré par le ministère des Finances, confirme cette tendance. Entre janvier et mars 2025, 60% des financements mobilisés sur le marché des titres de la BEAC ont servi à rembourser des emprunts arrivés à échéance, laissant peu de marge pour d’autres besoins. Sur 271,6 milliards de FCFA levés en BTA, seuls 10,6 milliards provenaient d’OTA.

Une tendance régionale dans la Cemac

Le phénomène n’est pas propre au Cameroun. Dans l’ensemble de la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA), les États privilégient les BTA pour gérer leurs trésoreries.
Entre juin 2024 et juin 2025, 431 appels d’offres ont permis de mobiliser 5 127,8 milliards de FCFA, dont 3 192,4 milliards (soit plus de 60%) en BTA et 1 935,3 milliards en OTA.
Les bons à 26 semaines dominent (46,8% des émissions), prisés notamment par le Tchad (80,9%), le Cameroun (63,1%) et le Gabon (59,2%). Les maturités à 52 semaines suivent (954,4 milliards émis), tandis que les bons à 13 semaines restent marginaux (744 milliards).

Une facture de plus en plus salée

Cette frénésie d’émissions à court terme a un coût. Le taux moyen pondéré des BTA est passé de 6,5% à 6,9% en un an. Et pour le Cameroun, l’addition est encore plus lourde : selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA), les taux d’intérêts sur les BTA camerounais ont bondi de 11,6% en glissement annuel.
Face à cette hausse, Yaoundé cherche désormais des alternatives de financement hors du marché domestique, afin de limiter le risque de refinancement et d’alléger la pression sur la dette publique à court terme.

 


Cameroon’s Heavy Reliance on Treasury Bills Highlights Cash Flow Strains

Bank of Central African States (BEAC) market were Treasury Bills (BTA), according to the central bank’s latest Monetary Policy Report.
These short-term instruments, maturing between 13 and 52 weeks, are used to address immediate cash flow needs—such as paying salaries, debts, and pending state bills.

This dominance of BTA issuance reflects Cameroon’s growing liquidity pressures. The 2026–2028 Medium-Term Economic and Budgetary Programming Document by the Ministry of Finance reveals that 60% of funds raised on the BEAC market in early 2025 were used to repay previous debts, leaving little room for new investments.

Across the CEMAC zone, the trend is similar: short-term borrowing has become the norm. Out of 5,127.8 billion CFA francs mobilized between June 2024 and June 2025, 3,192.4 billion came from BTA issuance.
However, this strategy is proving costly. The average interest rate on BTA rose to 6.9%, while Cameroon’s rates surged by 11.6% year-on-year, prompting the government to explore alternative financing sources to ease domestic debt pressures.

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Didier Cebas K.

 

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